Christophe Lenoble |
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351 Auschwitz "L'important c'est que la photo possède une force constatative et que le constatatif de la photo porte, non sur l'objet, mais sur le temps." Roland Barthes
350 Auschwitz "Pick a theme and work it to exhaustion... the subject must be something you truly love or truly hate." Dorothea Lange
349 Auschwitz "Tout ce qui peut être imaginé est réel." Pablo Picasso
348 Auschwitz "Look and think before opening the shutter. The heart and mind are the true lens of the camera." Yousuf Karsh
347 Auschwitz "C'est difficile de mettre un peu d'absolu dans la mare aux grenouilles." Pablo Picasso
346 Auschwitz "It's hard to watch something go on and be talking at the same time." Annie Leibovitz
345 Auschwitz "Tantôt on jetterait les autres, tantôt on se jetterait soi-même par la fenêtre." Jules Renard
344 Auschwitz "While there is perhaps a province in which the photograph can tell us nothing more than what we see with our own eyes, there is another in which it proves to us how little our eyes permit us to see." Dorothea Lange
343 Auschwitz Vous pouviez lui raconter absolument n'importe quoi. Il vous écoutait avec un sourire complice, sans jamais lâcher votre regard d'un cil. A votre silence, il laissait passer un instant, juste pour s'assurer que tout avait bien été dit. Puis, doucement, avec gentillesse, il citait une phrase de son répertoire. Un petit scalpel aiguisé d'expérience, soulevant avec précision et concision les petits paradoxes de votre discours. De Confucius à San-antonio, il faisait feu de tout bois.
La maladie peu à peu emplit sa mémoire de vers, qui entreprirent de grignoter sa bibliothèque. Ses textes se trouaient, il restait en suspension au bord des vides. Ses pupilles quittaient les vôtres, cherchaient alentour le vocabulaire perdu. Son sourire s'estompait, il ramenait son regard dans vos yeux, sûr que vous sauriez finir sa phrase à sa place.
Il se mit à boucher les manques avec les seuls mots dont il disposait toujours. Ça donnait des phrases déglinguées et sensationnelles : "Quand je n'ai pas de temps, je mords du rouge.", "C'est le déjà qui illumine le celui.", "Devenir un vaincu qui n'a pas, un réprouvé qui n'a pas." ... De plus en plus de mots furent, lentement, mais sûrement, remplacés. Jusqu'au jour ou la dernière phrase apparut en entier: "Celui qui n'a pas le temps est déjà mort.".
Il se l'était fait tatouer sur l'avant bras pour recouvrir les numéros de Birkenau... pour oublier.
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